En1925, Hopper achÚve sa célÚbre toile nommée, Maison au bord de la voie ferrée, qui est considérée comme l'un de ses meilleurs tableaux. L'oeuvre entre dans les collections du Museum of Modern Art dÚs l'année 1930. L'année 1933, est marquée par la premiÚre rétrospective de l'oeuvre de Hopper au Museum of Modern Art de New York. En 1939, le peintre fait partie du
Dans la maison d'Edward Hopper Maison au bord de la voie ferrĂ©e » 1925 est considĂ©rĂ©e comme lâun de ses meilleurs tableaux. La voie ferrĂ©e au premier plan coupe la maison, la bĂątisse est le vestige dâun temps rĂ©volu, deux Ă©poques sâaffrontent ! La maison est un manoir classique avec une architecture Ă la française » hĂ©ritĂ©e de lâAntiquitĂ© grĂ©co-romaine...Elle semble figĂ©e dans lâespace. La voie ferrĂ©e, c'est la modernitĂ©, le mouvement, le son unique sĂ©jour Ă Paris 1906-1910, Hopper en reviendra francophile » toute sa vie ! Ses premiers tableaux reprĂ©sentent des vues de Paris la Seine, le Louvre, le Pavillon de Flore Soir bleu » 1914, sa plus grande toile, sera mĂȘme peinte alors quâil est dĂ©finitivement rentrĂ© Ă New-York, il ne se dĂ©fait pas de ses souvenirs français. Il dira Tout mâa paru atrocement cru et grossier Ă mon retour. Il mâa fallu des annĂ©es pour me remettre de lâEurope »...Hopper est sceptique face Ă ce nouveau monde de plus en plus standardisĂ© et face au dĂ©veloppement de la consommation de masse. Les maisons nĂ©o-victoriennes quâil peint porte les valeurs de ces croyances celle de la mesure et une forme de retenue puritaine, que menacent les sur cette maison. Elle est assez angoissante, Ă moitiĂ© cachĂ©e par cette voie ferrĂ©e, elle nous est familiĂšre comme une maison hantĂ©e, inquiĂ©tante et mystĂ©rieuse. On nâa pas trĂšs envie dây rentrer ni dây passer la nuit !Elle nous rappelle un peu les citĂ©s fantomatiques de Giorgio De Chirico avec cette ambiance trĂšs mĂ©lancolique. Alfred Hitchcock en fera d'ailleurs la demeure de Norman Bates dans son film lâĆuvre de Hopper constituera d'ailleurs une riche source dâinspiration pour le plus de vingt ans, Edward Hopper travaillera comme illustrateur commercial. Il transposera plus tard dans des tableaux comme Office at Night » 1940 ou ConfĂ©rence at night » lâambiance de lâunivers bureaucratique et du monde du commerce, avec toute lâambiguĂŻtĂ© sexuelle et lâambiance trouble des films noirs. Truffaut, Polanski ou Hitchcock portent souvent Ă lâĂ©cran la tension entre la secrĂ©taire et son employeur. Câest le sujet central de ce tableau il y a l'indiffĂ©rence affairĂ©e de ce patron, la secrĂ©taire qui se tourne vers lui et offre au spectateur la vision de ses lĂšvres rouges, ses formes pulpeuses, sa robe moulante, ses jambes...le tableau sous-entend le possible » dâune histoire...En 1927, Hopper sâachĂšte sa premiĂšre voiture, une Dodge 25 dâoccasion. Câest Ă son volant quâil va parcourir les Ătats-Unis, il lâutilise comme un atelier roulant, travaillant ses croquis Ă lâaquarelle. La route devient un sujet rĂ©curent dans ses tableaux. Gas » 1940, Western Motel » 1957, etc. il sillonnera lâAmĂ©rique et lâimmensitĂ© des paysages du Nouveau Monde aux rythmes du blues et de la folk Ćuvre exprime la nostalgie dâune AmĂ©rique passĂ©e et le conflit entre la nature et le monde moderne les longues Ă©tendues dâasphalte, avec lâhorizon Ă perte de vue, les motels, les stations services deviennent les symboles dâune culture, du rĂȘve amĂ©ricain. Nighthawks » 1942 simplicitĂ© apparente dâun bar de nuit au coin dâune rue, reste lâicĂŽne universelle ! Câest LE tableau de Hopper... Malheureusement souvent dĂ©tournĂ© par la publicitĂ©, en affiche, en fond dâĂ©cran ou en bande dessinĂ©e. Ce tableau est la synthĂšse dâun long travail accompli qui sâinspire aussi bien de sources littĂ©raires que visuelles. Hopper retranscrit dans ses toiles lâatmosphĂšre de ses romans favoris et dans cette toile "Nighthawks" on ressent bien la menace du drame », celle dâune mort annoncĂ©e. Comme dans la nouvelle dâHemingway Les Tueurs ». Tous les hĂ©ros des films hollywoodiens sâinvitent au comptoir de ce bar, dans une atmosphĂšre de perdition - hĂ©ritĂ©e du CafĂ© de nuit » de Van Gogh 1888 ?Et rĂ©ciproquement, de nombreux hommages lui sont rendus au fil du temps, le bar de Nighthawks est devenu le passage obligatoire des cĂ©lĂ©britĂ©s amĂ©ricaines telles que Marylin Monroe, James Dean, Homer Simpson, Batman...Son comptoir sâimpose comme le hall of fame » de lâAmĂ©rique cafĂ©s parisiens comme des restaurants new-yorkais, Hopper fait de ces lieux de plaisir et de partage, le théùtre dâune profonde solitude. Il créé cette tension si particuliĂšre entre les personnages et lâespace, traitĂ© comme un dĂ©cor Ă lâĂ©clairage souvent Hopper affirme que la lumiĂšre est lâunique sujet de son Ćuvre. La lumiĂšre comme rĂ©vĂ©lateur...de notre humanitĂ© ou du sacrĂ© ! ...fenĂȘtres, portes, seuils, comme autant de prĂ©textes pour la souligner dâombres portĂ©es. Regardez Morning Sun » 1952, le Portrait dâune femme baignĂ©e dans une lumiĂšre Two Comedians » 1966, son ultime tableau, Edward Hopper se met en scĂšne. A ses cĂŽtĂ©s, il rend hommage Ă Josephine Verstille Nivison, celle qui partage sa vie depuis 1924. Plus quâune compagne, elle a Ă©tĂ© sa complice, son gestionnaire, son seul et unique modĂšle. FĂ©ministe, passionnĂ©e et dĂ©vouĂ©e, elle est aussi jalouse, colĂ©rique et rĂ©voltĂ©e, fiĂšre et ombrageuse. Edward et JosĂ©phine passeront leur vie ensemble jusqu'Ă leurs morts respectives en 1967 et 1968. Le salut de Two comedians » clĂŽt le dernier acte de la vie de ce peintre passionnĂ© pour le spectacle et la théùtralitĂ© de lâexistence, entre rĂ©alitĂ© et illusion de la reprĂ©sentation du monde. Il a su mettre en Ă©vidence le comique, le tragique, lâironie plus ou moins lĂ©gĂšre de lâexistence humaine quâil met en scĂšne dans ses tableaux, avec farce ou Shakespeare, lui aussi aurait pu Ă©crire All the worldâs a stage » le monde entier est un théùtre !.2 commentairesMaisonPrĂšs De La Voie FerrĂ©e Edward Hopper La Maison Des Haskell D Edward Hopper Maison Par L Chemin De Fer Edward Hopper Most Famous ScĂšnes De La Vie Ordinaire Selon Edward Hopper La Maison De Cap Cod D AprĂšs Edward Hopper Wallpaper La Maison Des Hodgkin D Edward Hopper Maison Ă Eastham De Edward Hopper 1882 1967 United States La Maison Des Edward Hopper - 'Les Faucons de la nuit' Nighthawks - 1942 NIGHTHAWKS 'Les Faucons de la nuit' Nighthawks - 1942, est le tableau le plus emblĂ©matique du peintre amĂ©ricain Edward Hopper, montrant des personnes assises dans un diner restaurant typique amĂ©ricain de centre-ville tard dans la nuit. C'est non seulement le plus cĂ©lĂšbre tableau de Hopper, mais Ă©galement l'un des plus marquants de l'art amĂ©ricain. Il fait actuellement partie de la collection de lâArt Institute of Chicago. La scĂšne est inspirĂ©e d'un diner situĂ© Ă Greenwich Village, quartier oĂč habitait Hopper Ă Manhattan. La rue est vide, et Ă l'intĂ©rieur du diner, aucun des personnages n'a l'air de regarder ou de parler Ă autrui, tous semblent perdus dans leurs propres pensĂ©es. Deux d'entre eux forment un couple, tandis que le troisiĂšme est assis seul, ne montrant que son dos au spectateur. L'unique serveur du diner regarde Ă travers la fenĂȘtre, sans regarder les clients. Ce portrait de la vie urbaine, parfois empreinte de vide et de solitude, est un thĂšme rĂ©current dans l'Ćuvre de l'artiste. En regardant le tableau plus attentivement, on remarque que l'on ne voit pas de porte permettant de sortir du diner, ce qui illustre l'idĂ©e de confinement et de piĂšge. Hopper a niĂ© avoir eu l'intention d'exprimer cela dans Nighthawks, mais il admit que "inconsciemment, probablement, j'ai peint la solitude d'une grande ville". Edward Hopper â Autoportrait BIOGRAPHIE Edward Hopper 1882-1967, le plus amĂ©ricain des peintres. PoĂšte rĂ©aliste, simple et Ă©nigmatique Ă la fois, Hopper, n'a jamais appartenu Ă aucun mouvement, ni aucune Ă©cole. Ses peintures si accessibles sont parmi les plus reproduites aux Etats-Unis et dans le monde sur des objets de consommation de masse. En 2005, un tableau du peintre "Chair Car" a atteint aux enchĂšres de Christie's 14 millions de dollars, un record pour l'artiste. Edward Hopper est nĂ© Ă Nyack, dans lâĂtat de New York au sein d'une famille de commerçants. Il sâinstalla Ă New York, oĂč il se forma au mĂ©tier dâillustrateur dans la 'New York School of Illustrating'. Afin de complĂ©ter sa formation, il fit trois sĂ©jours Ă Paris, entre 1906 et 1910 et visita plusieurs pays dâEurope. Il tomba sous le charme de la culture française et resta francophile tout au long de sa vie. En 1925, Edward Hopper achĂšva sa cĂ©lĂšbre 'Maison au bord de la voie ferrĂ©e' The House by the Railroad, qui est considĂ©rĂ©e comme lâun de ses meilleurs tableaux. L'Ćuvre entra dans les collections du Museum of Modern Art dĂšs 1930, grĂące Ă un don du millionnaire Stephen Clark. La mĂȘme annĂ©e, le 'Whitney Museum of American Art' acquiert le tableau 'TĂŽt un dimanche matin' Early Sunday Morning pour une somme importante. 1933 est marquĂ©e par la premiĂšre rĂ©trospective de l'Ćuvre de Hopper au 'Museum of Modern Art' de New York. En 1939, le peintre fit partie du jury du Carnegie Institute, avant d'ĂȘtre Ă©lu membre du 'National Institute of Arts and Letters' en 1945. En 1952, il exposa Ă la Biennale de Venise aux cĂŽtĂ©s de deux autres concitoyens. LâannĂ©e suivante, il reçut le titre de Doctor of Fine Arts de l'Art Institute of Chicago. Hopper mourut le 15 mai 1967, dans son atelier prĂšs de Washington Square, Ă New York. Edward Hopper â Automat, 1927 LE PEINTRE DE LA MELANCOLIE Edward Hopper, figure des personnages anonymes et archĂ©typaux, dont le visage ne trahit aucune Ă©motion, comme si le dĂ©cor ou la situation le faisaient pour eux. Pourtant, de ses toiles se dĂ©gagent diverses impressions le silence, la tension, l'exclusion, la mĂ©lancolie. Des rues dĂ©sertes, des piĂšces aux dimensions exagĂ©rĂ©es mettent en valeur les personnages et suggĂšrent un effet d'aliĂ©nation. La lecture est dessinĂ©e comme alternative Ă leur solitude Chambre d'hĂŽtel 1931 ou Compartiment C, voiture 193 1938 n'en sont que quelques exemples. Edward Hopper - Summer Interior, 1909 FRESQUES DE LA VIE AMERICAINE Les Ćuvres d'Edward Hopper sont le reflet de la vie quotidienne des AmĂ©ricains, l'american 'way of life', qui transparaĂźt dans des dĂ©tails rĂ©alistes enseignes publicitaires, mobilier urbain stations de service, motels, voies ferrĂ©es, rues dĂ©sertes recrĂ©ent une ambiance typique amĂ©ricaine. Les toiles d'Hopper tĂ©moignent d'une sociĂ©tĂ© en pleine mutation elles dĂ©peignent essentiellement le cadre de vie et l'existence des classes moyennes, en plein essor dans la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle. Hoper montre aussi la solitude dans les grandes villes et des personnages qui semblent regretter une certaine AmĂ©rique qui est en train de disparaĂźtre. Il traite Ă©galement le sujet du nu fĂ©minin, de l'Ă©rotisme, du voyeurisme ou les rapports homme / femme. Connu pour ses silences monumentaux lorsqu'on l'interviewait, Edward Hopper avait coutume de rĂ©pondre "si vous pouviez le dire avec des mots, il n'y aurait aucune raison de le peindre".
Un snack-bar, la nuit, au coin de deux rues formant un angle aigu, totalement dĂ©sertes. Deux immenses vitres se rejoignant en une pointe arrondie et la lumiĂšre crue de lâĂ©clairage au nĂ©on qui tombe du plafond lui donnent lâair dâun aquarium triangulaire. JuchĂ© sur un tabouret et nous tournant son dos courbĂ©, un homme trapu tient un verre. En face de lui, un couple silencieux semble tout droit sorti dâun film noir lui a un nez busquĂ© et le costume, le chapeau fedora et, entre les doigts, la cigarette dâun dĂ©tective de Dashiell Hammett ; elle a de longs cheveux roux et porte une robe rouge aux manches ne couvrant que les Ă©paules. Ă leur droite, devant deux grands percolateurs Ă cafĂ© brillant de lâĂ©clat de leur mĂ©tal, le tronc penchĂ© en avant, un serveur coiffĂ© dâun calot a les mains sous le comptoir Nighthawks. Une haute maison de style second Empire ornĂ©e de colonnades, aux toits spectaculairement mansardĂ©s, Ă la physionomie presque humaine et Ă lâallure Ă©trange et menaçante se dresse derriĂšre une voie ferrĂ©e. On la voit en lĂ©gĂšre contre-plongĂ©e dâun peu plus bas que le talus, obliquement illuminĂ©e et baignant dans une lumiĂšre verdĂątre House by the Railroad. Dans une rue vide de toute prĂ©sence, une longue façade couleur ocre formĂ©e par la rĂ©pĂ©tition dâĂ©lĂ©ments identiques est frappĂ©e par les rayons du soleil du matin. Ă lâunique Ă©tage se succĂšdent des fenĂȘtres aux stores levĂ©s ou Ă moitiĂ© tirĂ©s. Au rez-de-chaussĂ©e, les vitrines dâune sĂ©rie de boutiques, dont celle dâun barbier, reconnaissable au poteau multicolore placĂ© devant elle ; il projette sur le trottoir une ombre trĂšs allongĂ©e, comme le fait quelques mĂštres plus loin une borne dâincendie Early Sunday Morning. Tout le monde a vu ces images, tout le monde se souvient dâelles et beaucoup dâentre nous en connaissent lâauteur ce sont des tableaux du peintre amĂ©ricain Edward Hopper. Comment expliquer lâemprise quâelles exercent sur tous ceux qui les ont eues sous les yeux ? Pourquoi sâimpriment-elles de cette façon dans notre mĂ©moire ? Pour quelle raison, mĂȘme aprĂšs les avoir vues cent fois, continue-t-on Ă rester fascinĂ© par elles et Ă tenter de dĂ©chiffrer leur sens ou dâĂ©lucider leur mystĂšre ? Dans son livre Un théùtre silencieux lâart dâEdward Hopper, Walter Wells a essayĂ© de rĂ©pondre Ă ces questions. PubliĂ© en 2007, rééditĂ© en 2011, Ă©crit dans une langue Ă©lĂ©gante et remarquablement traduit en français, lâouvrage nâest ni une vraie biographie dâHopper, ni une analyse de son Ćuvre Ă la maniĂšre systĂ©matique et chronologique des livres dâhistoire de lâart - une discipline qui nâest dâailleurs pas celle de Wells. SpĂ©cialiste de langue anglaise, de littĂ©rature et dâhistoire de la culture amĂ©ricaine, Walter Wells aborde Hopper en essayiste. Abondamment illustrĂ© de reproductions dâexcellente qualitĂ©, le livre est structurĂ© en une suite de rĂ©flexions sur quelques thĂšmes rĂ©currents de lâĆuvre de Hopper, qui correspondent Ă autant dâaspects de sa vision du monde, de sa conception de lâart et de sa personnalitĂ© les fenĂȘtres omniprĂ©sentes dans sa peinture, dont les portes sont quasiment absentes, la nuditĂ© et le nu, les rails et le chemin de fer qui apparaissent souvent sur ses toiles, la mer et les marines, lâarchitecture des maisons et des immeubles urbains, le théùtre, enfin, thĂšme qui sert de fil conducteur Ă lâouvrage. Comme lâindique le titre, lâidĂ©e de Wells est en effet que lâĆuvre de Hopper peut ĂȘtre dĂ©finie comme un théùtre silencieux théùtre », parce que chacune de ses toiles est comme une mise en scĂšne ; silencieux », parce que le silence est ce que presque tout le monde [...] perçoit immanquablement dans chacun de ses tableaux ». Silence des rues dĂ©sertes, des maisons isolĂ©es, des chambres vides, des trains immobiles, des routes de campagnes perdues, des motels loin de tout, des usines Ă lâarrĂȘt, des couples qui ne se parlent pas, des petits groupes de gens muets et des personnes solitaires le plus souvent des femmes qui peuplent les peintures de Hopper. Un silence si dramatisĂ©, dit Joseph Anthony Ward dans son bel essai American Silence, et sur lequel lâaccent est mis si fort, quâil en devient le sujet et le thĂšme mĂȘme des Ćuvres ». Pour expliquer lâeffet des tableaux de Hopper, Walter Wells, lorsque câest nĂ©cessaire, fait appel Ă des considĂ©rations techniques sur la palette utilisĂ©e, la composition, la perspective et lâorganisation de la toile. Pour en dĂ©gager la signification, il sâappuie sur les Ă©lĂ©ments pertinents de lâhistoire culturelle amĂ©ricaine et de la biographie de lâartiste. Son ouvrage se veut un dialogue avec les spĂ©cialistes de Hopper, tout particuliĂšrement avec Gail Levin, auteur dâune biographie du peintre qui a significativement modifiĂ© lâimage que lâon se faisait de lui. Extraordinairement taciturne NĂ© en 1882 Ă Nyack, petite ville de lâĂtat de New York, dans une famille de classe moyenne et trĂšs religieuse de Protestants baptistes, Hopper Ă©tait un homme puritain, conservateur en politique, de tempĂ©rament mĂ©lancolique et dĂ©pressif, introverti, extraordinairement taciturne, chroniquement fatiguĂ© et quasiment asocial. Parce quâil dessinait avec talent, ses parents lâavaient encouragĂ© Ă devenir illustrateur. Durant sa jeunesse, pour parfaire sa formation artistique, il fit trois sĂ©jours Ă Paris qui le marquĂšrent pour son existence entiĂšre. Il y dĂ©couvrit les impressionnistes, plus particuliĂšrement Manet et Degas, la littĂ©rature française, quâil aima toute sa vie, et lâunivers du plaisir et de la sensualitĂ©, auquel sa morale rigoureuse lui rendait toutefois difficile de prendre part sans arriĂšre-pensĂ©es. De retour aux Ătats-Unis, il vĂ©cut plusieurs annĂ©es en produisant des illustrations commerciales et pour les magazines, ainsi que des affiches. Au dĂ©but des annĂ©es vingt, sa vie prit un double tournant. Pour la premiĂšre fois, il exposa des Ćuvres personnelles dans une galerie dâart et en 1924, Ă lâĂąge de 42 ans, il se maria avec une femme dâun an plus jeune que lui, Josephine Nivison, Ă©galement peintre. Durant le reste de leur longue vie, Edward et Jo Hopper allaient vivre ensemble quasiment coupĂ©s du monde, insĂ©parables mais se disputant sans arrĂȘt, pathologiquement dĂ©pendants lâun de lâautre, enfermĂ©s dans ce quâun tĂ©moin a appelĂ© un dĂ©lire Ă deux ». Ni lâun ni lâautre nâavaient un caractĂšre facile. CoincĂ© par son puritanisme et victime de ses forts prĂ©jugĂ©s, Edward Hopper Ă©tait un mari autoritaire, souvent brutal et dâhumeur presque toujours maussade. Tout au long de leurs quarante-deux ans de vie commune, Jo Hopper a tenu un journal dans lequel elle relatait les faits de leur vie, dĂ©crivait minutieusement la prĂ©paration et lâĂ©tat dâavancement de chacune des toiles de son mari et faisait Ă©tat de ses multiples dolĂ©ances Ă son Ă©gard. Jo reprochait en particulier Ă Hopper de ne pas accorder de valeur Ă son propre travail artistique et de ne pas la soutenir dans ce domaine, de ne pas lâautoriser Ă conduire leur voiture il ne sây rĂ©soudra quâaprĂšs des annĂ©es, ainsi que son Ă©goĂŻsme dans leurs relations physiques, qui Ă©taient commandĂ©es par les exigences de son seul plaisir leur mĂ©sentente sur ce plan Ă©tait apparemment totale. Dans sa biographie de Hopper, Gail Levin exploite abondamment le contenu de ces journaux, quâelle tend Ă prendre Ă la lettre, ce dont on lui a fait grief. Les relations intenses mais pĂ©nibles du couple Hopper, dont on peut trouver un reflet dĂ©formĂ© dans les Ćuvres dâEdward, Ă©taient paradoxales et compliquĂ©es. Moins douĂ©e artistiquement que son mari, comme Levin le reconnaĂźt elle-mĂȘme, Jo semble curieusement avoir perdu beaucoup de son talent au moment oĂč elle a commencĂ© Ă vivre avec Hopper. Son ressentiment envers lui sâaccompagnait dâune volontĂ© de sâimmerger complĂštement dans sa vie. Hopper et sa femme nâavaient pas dâenfants, et Jo faisait volontiers rĂ©fĂ©rence aux tableaux dâEdward comme Ă sa progĂ©niture. Elle avait aussi exigĂ© dâĂȘtre la seule Ă poser pour lui comme modĂšle Ă partir du moment oĂč ils se sont rencontrĂ©s, toutes les femmes reprĂ©sentĂ©es dans les Ćuvres de Hopper, nues ou habillĂ©es, jeunes ou plus ĂągĂ©es, ont Ă©tĂ© peintes dâaprĂšs Jo, transformĂ©e pour les besoins de la cause jusquâĂ en devenir parfois trĂšs difficile Ă reconnaĂźtre Ă 70 ans, elle servit de modĂšle pour des personnages de femme nettement plus jeunes. Edward Hopper et sa femme vĂ©curent toute leur vie dans un petit appartement sans confort situĂ© Ă Greenwich Village Ă New York, au sommet dâun immeuble dĂ©pourvu dâascenseur, auquel on accĂ©dait par 74 marches quâils grimpĂšrent quotidiennement jusquâĂ leur mort, Ă un an dâintervalle, Ă 85 ans tous les deux, lui avant elle. Ils ne le quittaient que pour passer lâĂ©tĂ© dans leur petite propriĂ©tĂ© de Cap Cod, sur la cĂŽte de Nouvelle-Angleterre, rĂ©gion que Hopper aimait viscĂ©ralement », comme le dit la romanciĂšre Anne Proulx dans son beau portrait du peintre. Ă quelques reprises, ils lâabandonnĂšrent aussi pour des excursions touristiques, notamment dans lâouest des Ătats-Unis et au Mexique. Une sorte de littĂ©rature visuelle Walter Wells met bien en Ă©vidence la place que tenait la littĂ©rature dans la vie de Hopper, lâinfluence quâont pu exercer ses lectures sur sa peinture et la dimension littĂ©raire de ses Ćuvres. Solitaire et apprĂ©ciant peu la compagnie, Hopper, comme Jo, lisait beaucoup, en anglais et en français. Ralf Waldo Emerson et Henry David Thoreau, les penseurs de la Nouvelle-Angleterre, figuraient parmi ses auteurs prĂ©fĂ©rĂ©s, ainsi que, notamment, Herman Melville, Sherwood Anderson, Walt Whitman, Ernest Hemingway, Henrik Ibsen, et, pour les français, Montaigne et Paul ValĂ©ry parce que Hopper rapporte avoir beaucoup aimĂ© la nouvelle de Hemingway Les tueurs, Gail Levin soutient quâelle a inspirĂ© la scĂšne reprĂ©sentĂ©e dans Nighthawks, mais ceci est pure conjecture. Du fait de cette forte culture littĂ©raire, la peinture de Hopper, nâhĂ©site pas Ă avancer Walter Wells, sâapparente Ă une sorte de littĂ©rature visuelle ». Dans chacune de ses tableaux », Ă©crivait John Updike, Hopper semble sur le point de raconter une histoire ». Walter Wells est encore plus prĂ©cis Dans ses tableaux, quelque chose se passe, silencieusement. Et sâil ne se passe rien, câest quâil est arrivĂ© quelque chose ou que quelque chose est sur le point de se produire ». Hopper et Jo avaient dâailleurs pour pratique de donner des noms aux diffĂ©rents personnages reprĂ©sentĂ©s sur les toiles, et de leur inventer une vie et des habitudes. Une vue superficielle de la peinture de Hopper et des raisons pour lesquelles elle retient lâattention est quâelle est rĂ©aliste et dĂ©peint la vie amĂ©ricaine, plus particuliĂšrement la vie amĂ©ricaine des annĂ©es trente. QuâEdward Hopper ait façonnĂ© lâimage que les AmĂ©ricains eux-mĂȘmes et le reste du monde se font des Ătats-Unis est incontestable. Comme le dit Robert Hughes dans sa belle histoire de la peinture amĂ©ricaine Ses images sont devenues une composante du grain et de la texture de lâexpĂ©rience amĂ©ricaine, et mĂȘme aujourdâhui [âŠ] il est impossible de voir lâAmĂ©rique autrement que rĂ©fractĂ©e par elles. [âŠ] Lâ effet Hopper » est particuliĂšrement prononcĂ© Ă New York, oĂč des Hoppers sont partout un homme regardant par la fenĂȘtre, un rayon de soleil sur une corniche, le lobby dâun hĂŽtel de troisiĂšme classe ». Et de toutes les AmĂ©riques, celle que les toiles dâEdward Hopper semblent avoir le mieux capturĂ© est celle de la Nouvelle-Angleterre de lâentre-deux guerres, oĂč ce qui subsistait de la tradition luttait contre lâirrĂ©sistible montĂ©e de la modernitĂ©. La peinture dâEdward Hopper nâest est pas moins trĂšs diffĂ©rente de celle des grands rĂ©alistes amĂ©ricains comme Winslow Homer ou Thomas Eakins, a fortiori des Ćuvres dâun illustrateur comme Norman Rockwell - trois artistes auxquels on lâa parfois comparĂ©. Sâil fallait rapprocher Hopper dâun peintre rĂ©aliste, ce serait plutĂŽt Charles Burchfield, quâil admirait et dont les tableaux baignent dans une atmosphĂšre de mystĂšre qui nâest pas sans rappeler celle de ses Ćuvres. Hopper dĂ©testait dâailleurs lâexpression de scĂšne amĂ©ricaine » employĂ©e par les critiques Ă son propos et se dĂ©fendait de vouloir peindre la rĂ©alitĂ© des Ătats-Unis. InterrogĂ© au sujet des raisons qui le dĂ©terminaient Ă choisir un sujet plutĂŽt quâun autre, il rĂ©pondit un jour Je ne sais pas exactement, sinon quâils sont les meilleurs mĂ©diums pour la synthĂšse de mon expĂ©rience intĂ©rieure ». De fait, le monde que montrent les toiles de Hopper est moins le monde tel quâil est rĂ©ellement que lâimage mentale que nous produisons dans notre esprit sur la base des sensations et des Ă©motions que son spectacle suscite en nous. Hopper a toujours Ă©tĂ© peu loquace, elliptique et ambivalent au sujet de ses toiles et de leur signification. Cette histoire de solitude a Ă©tĂ© exagĂ©rĂ©e », dit-il ainsi Ă une occasion. Et Ă propos dâun de ses derniĂšres Ćuvres, Sun in an Empty Room, qui comme son titre lâindique, montre une piĂšce vide dont un mur est illuminĂ© par le soleil Quand jâĂ©tais Ă lâĂ©cole [âŠ] nous nous demandions Ă quoi pouvait ressembler une chambre quand il nây avait personne pour la voir ». PlutĂŽt que de reprĂ©senter des individus posant et grimaçant », avouait-il quelques annĂ©es auparavant Ă Lloyd Goodrich, auteur de sa premiĂšre biographie, ce que je voulais Ă©tait peindre la lumiĂšre du soleil sur le mur dâune maison ». Câest ce quâil a fait dans cette peinture, ainsi que dans une autre, antĂ©rieure, dont on la rapproche naturellement, Rooms by the Sea, qui reprĂ©sente deux piĂšces ouvertes sur la mer, sur les murs et le sol desquels se dĂ©verse le soleil. Dans ses explications, Hopper soulignait aussi parfois certains Ă©lĂ©ments de ses tableaux au dĂ©triment dâautres. Avec Nighthawks, il affirmait ainsi avoir sans doute inconsciemment voulu reprĂ©senter la solitude des grandes villes » cette solitude de la foule solitaire » du sociologue David Riesman, souvent citĂ© Ă propos de Hopper. Ce nâest pourtant lĂ quâune dimension du tableau. Comme le fait justement remarquer Walter Wells, le snack-bar illuminĂ© peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un de ces lieux de refuge » que mettent frĂ©quemment en valeur les toiles de Hopper refuges contre les pĂ©rils de la nuit urbaine, mais aussi la sauvagerie dâune nature prĂ©sentĂ©e comme hostile chez Hopper, les arbres et la forĂȘt ont toujours un air un peu effrayant. Un art de la soustraction Plusieurs crĂ©ations de Hopper Ă©voquent les Ćuvres de peintres surrĂ©alistes comme RenĂ© Magritte ou Paul Delvaux, et les images des phares de Cap Cod quâil aimait peindre font venir Ă lâesprit les tours dĂ©solĂ©es et les paysages urbains fantastiques de Giorgio de Chirico. InfluencĂ© par la peinture dâintĂ©rieur hollandaise de Vermeer, Pieter de Hooch et Jan Steen, ainsi que les Ćuvres romantiques de David Caspar Friedrich, Hopper, qui Ă la fin de sa vie se disait impressionniste, Ă©tait en rĂ©alitĂ© trĂšs Ă©loignĂ© de lâapproche intellectuelle des surrĂ©alistes. Mais il partageait avec eux lâhabitude de composer des images essentiellement inventĂ©es. Un des procĂ©dĂ©s quâil utilisait Ă cette fin, bien mis en lumiĂšre par Walter Wells, est la simplification. Toujours trĂšs dĂ©pouillĂ©es, les images de Hopper ne comprennent que peu dâĂ©lĂ©ments, et jamais aucun qui soit purement dĂ©coratif ou ornemental Ă une exception prĂšs, les piĂšces de ses maisons ne contiennent pas de fleurs, et ses personnages fĂ©minins ne portent jamais de bijoux. Lâart dâEdward Hopper, dit trĂšs bien le critique Morris Dickstein, est un art de la soustraction. Une autre caractĂ©ristique des images de Hopper est quâelles sont toujours le produit de la fusion dâĂ©lĂ©ments existants, retravaillĂ©s par le souvenir et lâimagination. Ceux qui sont partis Ă la recherche du snack-bar ayant servi de modĂšle Ă celui de Nighthawks, par exemple, sur la base des renseignements assez vagues donnĂ©s par Hopper, sont revenus bredouilles et déçus. Si un Ă©tablissement de ce type a bien existĂ© aux environs de lâendroit mentionnĂ© par Hopper, ce nâĂ©tait pas exactement Ă lâemplacement indiquĂ©, et il nâavait que peu de points communs avec le diner qui figure dans le tableau. De mĂȘme, la salle de cinĂ©ma au dĂ©cor kitch de velours rouge et de colonnades torsadĂ©es du trĂšs beau New York Movie, qui montre une ouvreuse appuyĂ©e sur le mur et perdue dans ses pensĂ©es tandis que lâon projette un film non identifiable devant une poignĂ©e de spectateurs, est une synthĂšse de quatre cinĂ©mas de Manhattan. Ă quoi bon, alors », fait justement valoir Alain Cueff dans son rĂ©cent essai sur le peintre, chercher Ă identifier tel lieu prĂ©cis dans New York ou ses environs qui pourrait correspondre Ă tel ou tel tableau ? Le monde subjectif nâest que la somme des perceptions passĂ©es et actuelles ». Câest son monde intĂ©rieur que peignait avant tout Hopper, et comme lâĂ©crit John Updike, sâil ne sâĂ©tait pas tournĂ© vers sa rĂ©alitĂ© intĂ©rieure, Hopper nâaurait pas peint des Hoppers ». Certains ont affirmĂ© quâEdward Hopper Ă©tait un mauvais peintre, quâil ne savait notamment pas rendre les visages. Hopper ne peignait pas bien les gens », a par exemple Ă©crit John Updike, et Clement Geenberg a fameusement dĂ©clarĂ© Il se trouve que Hopper nâest pas un bon peintre ». Il ajoutait toutefois Sâil Ă©tait meilleur peintre, il ne serait sans doute pas un artiste aussi supĂ©rieur ». Walter Wells sâinscrit en faux contre de tels jugements. Hopper Ă©tait un artiste lent et parcimonieux. En plus de soixante ans de vie active, il nâa produit que quelques centaines de toiles et de dessins. Toutes ses Ćuvres Ă©taient longuement prĂ©parĂ©es, prĂ©cĂ©dĂ©es de multiples esquisses et il pouvait rester de longs mois sans rien achever, surtout Ă la fin de sa vie. Mais câĂ©tait un crĂ©ateur qui maĂźtrisait parfaitement sa technique, tout Ă fait capable, par exemple, de restituer fidĂšlement les traits dâun visage. Lorsquâil les laissait dans lâindistinction, câĂ©tait de propos dĂ©libĂ©rĂ©, et sâil lui arrivait de violer les rĂšgles de la perspective, câĂ©tait en pleine connaissance de cause, Ă des fins dramatiques. ObsĂ©dĂ© par la lumiĂšre Un point sur lequel personne ne conteste son extraordinaire talent est le traitement de la lumiĂšre. Hopper Ă©tait obsĂ©dĂ© par la lumiĂšre, quâil identifiait Ă la vie mĂȘme. Dans ses tableaux, elle est omniprĂ©sente, si ostensiblement mise en avant quâil la dĂ©crivait lui-mĂȘme souvent un peu trop rapidement et succinctement, Ă sa maniĂšre laconique habituelle comme leur vĂ©ritable sujet. De Second Story Sunlight, par exemple, qui met en scĂšne deux femmes, lâune jeune, lâautre plus ĂągĂ©e, sur la terrasse dâune maison au toit triangulaire exposĂ©e au soleil, il a dĂ©clarĂ© quâil Ă©tait une tentative [âŠ] de peindre la lumiĂšre du soleil dans la mesure du possible sans pigment jaune ». Ă un critique qui lâinterrogeait au sujet de lâextraordinaire Summer Evening, un des tableaux les plus rĂ©ussis de Hopper » dĂ©crĂšte avec justesse Walter Wells, qui reprĂ©sente un jeune couple dans une situation de grande tension psychologique sous le porche Ă©clairĂ© dâun bungalow par une chaude soirĂ©e dâĂ©tĂ©, Hopper, peut-ĂȘtre il est vrai en partie pour Ă©luder la question embarrassante de la signification rĂ©elle du tableau, mais en des termes trĂšs rĂ©vĂ©lateurs, affirma que le seul intĂ©rĂȘt quâil lui voyait Ă©tait la lumiĂšre qui ruisselle et la nuit tout autour ». LumiĂšre oblique jaune et vive du matin, douce et orangĂ©e du crĂ©puscule, lumiĂšre verticale de midi ou chaude de lâaprĂšs-midi, dans tous les tableaux de Hopper, on sait toujours Ă quel moment de la journĂ©e on se trouve. Et dans les vues dâintĂ©rieur et les images nocturnes, la lumiĂšre artificielle lumiĂšre brutale des tubes Ă fluorescence, plus douce des ampoules Ă incandescence, ses effets sur les murs et les planchers, comme ses reflets dans les vitres, sont constamment traitĂ©s avec la mĂȘme attention respectueuse et quasiment amoureuse. Dans lâensemble, Walter Wells analyse les tableaux dâHopper avec beaucoup de pĂ©nĂ©tration et de finesse. Lâorganisation du livre par grand thĂšmes, et les multiples rapprochements Ă©clairants de tableaux dâĂ©poque parfois trĂšs Ă©loignĂ©es quâelle permet, contribuent Ă faire saisir lâunitĂ© dâinspiration de lâĆuvre de Hopper et aident beaucoup le lecteur Ă entrer dans lâunivers psychologique, mental et imaginaire si particulier du peintre. La principale faiblesse de lâouvrage, mais elle est de taille, si grave en vĂ©ritĂ© quâelle gĂąche presque le plaisir de sa lecture Ă de nombreuses pages, est le recours dĂ©routant et exaspĂ©rant rĂ©guliĂšrement fait par Wells Ă ce quâil faut bien appeler des interprĂ©tations psychanalytiques bon marchĂ©, si grotesques quâon les dirait parodiques. Hopper avait lu et apprĂ©ciĂ© Freud et Jung, il attribuait beaucoup dâimportance Ă la vie mentale inconsciente, sa personnalitĂ© Ă©tait Ă bien des Ă©gards un nĆud de problĂšmes psychologiques et, sous une forme le plus souvent oblique et allusive, la sexualitĂ© est trĂšs prĂ©sente dans ses Ćuvres. Mais identifier systĂ©matiquement, comme le fait Wells, chaque objet long poteau, colonne ou phare avec un phallus, et chaque trou, cavitĂ© ou tunnel avec un vagin ; faire rĂ©fĂ©rence Ă nâimporte quel propos Ă la figure de la mĂšre et au conflit Ćdipien mal rĂ©solu, câest tomber dans des caricatures dâexplication tellement rĂ©ductrices et ridicules quâil faut une Ă©norme dose de bonne volontĂ© pour ne pas refermer immĂ©diatement le livre. Hitchcock et Wim Wenders Wells Ă©voque bien entendu les relations notoirement Ă©troites quâentretiennent lâĆuvre de Hopper et le cinĂ©ma. Grand amateur de films comme Jo, il apprĂ©ciait aussi beaucoup le théùtre, Hopper a fortement Ă©tĂ© marquĂ© par le cinĂ©ma, notamment le cinĂ©ma expressionniste allemand et les films de gangsters amĂ©ricains des annĂ©es trente. Et ce que le cinĂ©ma lui a donnĂ©, selon la formule consacrĂ©e, il le lui a rendu avec intĂ©rĂȘt. De tous les peintres du vingtiĂšme siĂšcle, Hopper est celui qui a le plus profondĂ©ment influencĂ© le septiĂšme art. La frĂ©quentation des salles obscures a renforcĂ© le goĂ»t spontanĂ© quâavait Hopper pour le format horizontal. Au cinĂ©ma, Hopper a notamment empruntĂ© ses cadrages, ce quâon est tentĂ© dâappeler ses angles de prise de vue » beaucoup de ses tableaux sont peints en plongĂ©e ou en contre-plongĂ©e, la technique des Ă©clairages et des jeux dâombre, ainsi que des thĂšmes et des situations. Ces mĂȘmes Ă©lĂ©ments, comme certaines atmosphĂšres, font partie de ce que le peintre a transmis en retour aux cinĂ©astes. Plusieurs toiles de Hopper, Ă commencer par Nighthawks, ont clairement contribuĂ© Ă dĂ©finir lâesthĂ©tique du film noir. Lâinfluence la plus frĂ©quemment mentionnĂ©e est bien sĂ»r celle que Hopper a exercĂ©e sur le cinĂ©ma dâAlfred Hitchcock, pleinement reconnue par lâintĂ©ressĂ©. Comme on sait, la maison de Norman Bates jouĂ© par Anthony Perkins dans Psychose est identiquement lâinquiĂ©tante bĂątisse reprĂ©sentĂ©e dans House by the Railroad quâon retrouve dâailleurs dans GĂ©ant, le dernier film de James Dean et dans Les moissons du ciel de Terrence Malick, et qui a inspirĂ© la maison hantĂ©e du dessin animĂ© La famille Adams et celle de Disneyland. Mais il y a bien dâautres exemples, y compris dans Psychose. La vue plongeante dâun immeuble surgissant dâun paysage urbain sur laquelle sâouvre le film, Ă©voque ainsi irrĂ©sistiblement une autre toile de Hopper intitulĂ©e The City. FenĂȘtre sur cour est tout entier une espĂšce dâhommage aux nombreux tableaux voyeurs de Hopper, oĂč le regard pĂ©nĂštre dans lâintimitĂ© dâun intĂ©rieur domestique ou de bureau par une fenĂȘtre Ă©clairĂ©e. Lâinfluence de Hopper sur Hitchcock a Ă©galement Ă©tĂ© relevĂ©e dans Vertigo, et Alain Cueff en a trouvĂ© des traces dans Marnie, Lâombre dâun doute et mĂȘme La corde, dont lâaction, filmĂ©e en un plan-sĂ©quence unique, se dĂ©roule entiĂšrement dans une piĂšce situĂ©e au dernier Ă©tage dâun building new-yorkais. DĂ©tresse mĂ©taphysique Un autre rĂ©alisateur revendiquant ouvertement lâinfluence de Hopper est Wim Wenders, qui sâest souvent exprimĂ© avec chaleur Ă son sujet et dont plusieurs films, notamment ses films amĂ©ricains », contiennent des rĂ©fĂ©rences ostensibles Ă sa peinture. On dira la mĂȘme chose des rĂ©alisations de David Lynch, dont les images rappellent souvent celles de Hopper, en plus morbide toutefois, Lynch tendant Ă y introduire une ambiance trouble absente des modĂšles dont il sâinspire. Mais la liste ne sâarrĂȘte pas lĂ . Des Ă©chos des tableaux de Hopper apparaissent aussi chez Michelangelo Antonioni et Jim Jarmusch ; lâadaptation Ă lâĂ©cran, par Robert Siodmak, de la nouvelle de Hemingway censĂ©e avoir inspirĂ©e Nighthawks comporte une scĂšne qui se passe dans un dĂ©cor rappelant clairement le tableau ; le critique de cinĂ©ma Philip French affirme avoir relevĂ© la prĂ©sence des Ćuvres de Hopper derriĂšre pratiquement chaque plan » de Picnic de Josuah Logan, qui dĂ©crit la dĂ©sespĂ©rante monotonie et lâennui profond de la vie dans une petite ville du Middle West, ainsi que dans Road to Perdition de Sam Mendes, dont lâaction se passe Ă lâĂ©poque de la prohibition. Lâastucieux analyste dâimages Alain Korkos a de surcroĂźt documentĂ© lâinfluence de Hopper sur le cinĂ©ma dâAndrzej Wajda et celui de Woody Allen. Lâinventaire pourrait se poursuivre longtemps, tant nombreux sont les rĂ©alisateurs et chefs-opĂ©rateurs, par dĂ©finition hommes dâimage, que les Ćuvres de Hopper ont impressionnĂ©s. Ce nâest pas le fruit du hasard. Entre Hopper et le cinĂ©ma existait une affinitĂ© profonde. Comme le fait pertinemment remarquer le critique Peter Schjeldahl Ses tableaux ne sont pas ceux dâun observateur du monde visible mais dâun metteur en scĂšne propulsĂ© par son imagination [âŠ] Hopper a compris la mĂ©taphysique du cinĂ©ma comme aucun autre artiste jusque, peut-ĂȘtre, Andy Warhol, et mieux que tous les rĂ©alisateurs, sauf les plus grands ». LâĆuvre de Hopper a Ă©galement eu un certain impact sur la photographie. Par leur apparent rĂ©alisme, leur contenu psychologique et sociologique, leur caractĂšre trĂšs construit et le rĂŽle quây jouent les angles de prise de vue, les cadrages, les ombres et les lumiĂšres, ses tableaux Ă©voquent les Ćuvres de photographes contemporains. De Hopper », va jusquâĂ Ă©crire l'essayiste anglais Geoff Dyer, on pourrait affirmer quâil est le photographe amĂ©ricain le plus influent du XXĂšme siĂšcle, bien quâil nâait jamais pris lui-mĂȘme la moindre photographie ». Des traces de lâinfluence de Hopper sont Ă©videntes dans les photos en noir et blanc de Robert Adams et celles, en couleur, de William Eggleston et de Stephen Shore carrefours dĂ©serts, routes bordĂ©es de poteaux tĂ©lĂ©phoniques qui se perdent au loin, stations-service sous le soleil. On a Ă©galement suggĂ©rĂ© que lâesprit de Hopper est prĂ©sent chez Walker Evans, Robert Frank et Diane Arbus. Si câest le cas, câest de maniĂšre moins manifeste. Dans les images de ces photographes proches de la tradition documentaire et du reportage, lâĂ©lĂ©ment social et humain tend en effet Ă prendre une place centrale quâil nâoccupe pas dans les tableaux du peintre. Un photographe Ă propos duquel on Ă©voque systĂ©matiquement le nom de Hopper est Gregory Crewdson davantage que photographe, Crewdson devrait en rĂ©alitĂ© ĂȘtre baptisĂ© un metteur en scĂšne dâimages fixes, parce que ses compositions trĂšs calculĂ©es sont rĂ©alisĂ©es avec tous les moyens techniques, la logistique et la mĂ©ticulositĂ© de plans de cinĂ©ma. DerriĂšre les similitudes superficielles, on a cependant affaire Ă deux univers substantiellement diffĂ©rents. Des images de Crewdson Ă©mane une impression de sordide totalement absente des Ćuvres dâEdward Hopper. Hopper ne peint jamais des placards bĂ©ants, des matelas Ă©ventrĂ©s, des intĂ©rieurs kitchs, vĂ©tustes et saccagĂ©s ou des caravanes rouillĂ©es. Il est le peintre de la dĂ©tresse mĂ©taphysique et de la misĂšre affective, pas celui de la pauvretĂ© matĂ©rielle, de la dĂ©chĂ©ance physique ou de lâindigence culturelle. Dans ses tableaux, les chambres sont propres et fraĂźches et les pavillons en bon Ă©tat ; les protagonistes sont le plus frĂ©quemment des personnes issues de la classe moyenne, leur maintien est toujours exempt de laisser-aller et on les voit souvent en train de lire. Une trompeuse apparence de simplicitĂ© Ă cĂŽtĂ© de cet hĂ©ritage sĂ©rieux, les images dâEdward Hopper ont donnĂ© lieu Ă de nombreuses rĂ©cupĂ©rations humoristiques et citations parodiques. Câest tout particuliĂšrement le cas du plus emblĂ©matique de ses tableaux, Nighthawks, dont il existe de multiples versions fantaisistes - lâune dâentre elles met en scĂšne Humphrey Bogart, James Dean, Marilyn Monroe et Elvis Presley. Les tableaux de Hopper ont par ailleurs servi Ă illustrer des centaines de couvertures de livres, plus particuliĂšrement de romanciers amĂ©ricains, on en a fait dâinnombrables affiches et elles ornent souvent les calendriers. Cette multiplication, autour de nous, dâĂ©chantillons de lâunivers dâEdward Hopper ou de rĂ©fĂ©rences Ă sa peinture explique en partie pourquoi ses images nous semblent si familiĂšres. Mais lâeffet puissant que ces images continuent Ă faire sur nous, la profondeur Ă laquelle elles sont enracinĂ©es dans notre imaginaire, la difficultĂ© que lâon Ă©prouve Ă sâen dĂ©tacher, tiennent Ă dâautres raisons, bien identifiĂ©es et longuement dĂ©crites par Walter Wells leur perfection formelle, leur charge Ă©motionnelle, leur Ă©loquence muette, leur puissance dramatique, leur caractĂšre Ă©nigmatique, sous une trompeuse apparence de simplicitĂ©. Un théùtre silencieux se referme symboliquement sur une reproduction du dernier tableau peint par Edward Hopper, lui-mĂȘme Ă©minemment symbolique. IntitulĂ© Two Comedians, il reprĂ©sente deux acteurs costumĂ©s en Pierrot et Pierrette, les fameux personnages de la Commedia dellâarte, debouts au bord dâune scĂšne de théùtre, vus du parterre en contre-plongĂ©e, se tenant par la main et sâinclinant lĂ©gĂšrement pour saluer le public. Rappel de la plus remarquable toile de jeunesse de Hopper, Soir bleu, au centre de laquelle apparaĂźt, assis en compagnie louche Ă la table dâune terrasse de cafĂ©, une cigarette aux lĂšvres, un clown outrageusement fardĂ© en tenue de scĂšne et collerette blanches qui prĂ©sente une forte ressemblance avec le peintre, le tableau, qui fait aussi Ă©cho au Pierrot de Watteau et aux images du film Les enfants du paradis de Marcel CarnĂ©, est Ă la fois une Ă©vocation de lâexistence singuliĂšre et solitaire des artistes et un hommage de Hopper Ă celle qui a Ă©tĂ© sa collaboratrice, au titre de son modĂšle, durant plus de quarante ans. Ă 83 ans, Hopper livrait avec cette Ćuvre dâadieu lâultime de ces dizaines de tableaux simples bien que mystĂ©rieux, banals bien que poĂ©tiques, familiers bien quâinsondables » Walter Wells, dont il nous a gratifiĂ©s, la derniĂšre de ces images envoĂ»tantes et impossibles Ă oublier dont il a enrichi notre univers visuel. Michel AndrĂ©Achetezvotre reproduction sur toile du tableau Maison au bord de la voie ferrĂ©e par Hopper | VĂ©ritable tableau peint Ă la main | Plusieurs formats disponible
ActualitĂ© du Dimanche 22 Novembre 2015 Ă 18h00 Concert MANCA 2015 - Paris Mozart Orchestra / Natalie Dessay A l'OpĂ©ra de Nice Dimanche 22 novembre 2015 Ă 18h Paris Mozart Orchestra Claire Gibault direction Natalie Dessay rĂ©citante Eric lacrouts, Vanessa Ugarte, Clara Abou, violons 1 Bleuenn le MaĂźtre, Sullimann Altmayer, SĂ©golĂšne Saytour, violons 2 Arnaud Thorette, CĂ©cile Grassi, altos Guillaume MartignĂ©, CĂ©lia Boudot, violoncelles HĂ©loĂŻse DĂ©ly, contrebasse Igor STRAVINSKY âConcerto pour orchestre Ă cordes en rĂ© majeur â Vivace - Arioso - Rondo 1946 - 12'' Graciane FINZI âScĂ©nographies d'Edward Hopperâ 2014 - 45' MĂ©lologue pour rĂ©citant et 11 cordes, d'aprĂšs des tableaux dâEdward Hopper, sur des textes de Claude Esteban 1. Chambre Ă New York â 2. Jeune fille Ă sa machine Ă coudre 3. Chambres au bord de la mer â 4. Compartiment C, voiture 293 5. Fauteuil dâorchestre â 6. Oiseaux de nuit â 7. Matin en Caroline du Sud 8. Maison prĂšs de la voie ferrĂ©e â 9. Gens au soleil â 10. Par-dessus les toits Fin du concert 19h Comme traditionnellement maintenant depuis 15 ans le festival MANCA investit les murs de lâOpĂ©ra de Nice. Câest Ă un concert exceptionnel que nous vous convions cette annĂ©e pour dĂ©couvrir ScĂ©nographies d'Edward Hopper » de Graciane Finzi. Durant lâinterprĂ©tation de ce mĂ©lologue par 11 musiciens Ă cordes du Paris Mozart Orchestra sous la direction de Claire Gibault, 10 tableaux dâEdward Hopper sont projetĂ©s et la rĂ©citante Natalie Dessay interprĂšte les textes de Claude Esteban, extraits de son recueil âSoleil dans une piĂšce videâ 1991. Dans ses Ă©crits Claude Esteban se met dans la peau des personnages des tableaux dâEdward Hopper et nous livre leurs pensĂ©es. Le concerto pour cordes en rĂ© dâIgor Stravinsky introduira ce programme. Programme pdf
Enhaut, Maison au bord de la voie ferrée, Edward Hopper, 1925. En bas, vue de la maison de Norman Bates, extrait du film Psychose, Alfred Hitchcock, 1960. à lire également : La maison de Barbie à louer en Airbnb Boire un verre face à Lamaisonau bord de la voie ferrée analyse. 6 avril 2021 Non classé. Les usines sont obligées d'apporter leurs produits jusqu'à la gare d'Annecy en passant par . Trouvé à l'intérieurLors du tri, sur le quai au bord de la voie ferrée, il s'empressa de nous libérer. à la Libération, je fus placé dans une maison d'enfants juifs venus
Maisonau bord de la voie ferrĂ©e, 1925 : comme son titre lâindique, cette toile met en scĂšne une grande demeure placĂ©e au bord dâune voie ferroviaire. Le jeu de couleur est saisissant. 2. Automate, 1927 : tableau intrigant, mettant en scĂšne une jeune femme solitaire attablĂ©e, qui boit un cafĂ©. 3. Chop Suey, 1929 : retranscription d'une scĂšne dâun restaurant oĂč 2 personnes sontDans cette Ćuvre dâEdward HOPPER, on peut apercevoir, une maison isolĂ©e au bord de la voie de chemin de fer. Mais une sensation Ă©trange que nous tentons de pousser plus avec lâobservation pas dâanimaux, pas dâarbres, pas de prĂ©sence humaine dans cette composition. De plus, cherchez les portes, il nây en a pas ce qui montre de lâisolement de cette maison. Au premier plan, il y a lâapparition brutale du chemin de fer qui coupe dangereusement lâaccĂšs Ă cette demeure. Un train pourrait en effet passer furtivement dâun moment Ă lâautre, et bouleverser la plĂ©nitude de lâimage, la maison ressemble plus Ă un cercueil, Ă un endroit pour mourir qu'Ă un endroit pour sĂ»r que personne nâa envie de vivre dans cette maison qui est isolĂ©e, dĂ©pourvue de toute technologie. Cette maison peut ĂȘtre la reprĂ©sentation de lâisolement que lâon recherche en rentrant chez soi, mais lâisolement peut ĂȘtre dangereux, Ă force de sâisoler, on se dĂ©connecte du monde extĂ©rieur et on perd contact avec les autres nous pouvons devenir un danger pour la sociĂ©tĂ©, donc dans ce cas la maison devient une prison.
Letableau "La maison prĂšs de la voie ferrĂ©e" (1925) de Edward Hopper . 12 toiles de maĂźtres qui ont inspirĂ© les cinĂ©astes pour leurs films . 31 mai 2018 Ă 20:00. Olivier PallarueloHaring et Basquiat, et vice versa, Melbourne. Keith Haring et Jean-Michel Basquiat sont deux icĂŽnes de lâart contemporain newâyorkais, tous deux morts jeunes. Leur style ainsi que les motifs rĂ©currents de leurs peintures et graffitis sont immĂ©diatement reconnaissables la couronne et les tĂȘtes primitives chez Basquiat, le bĂ©bĂ© radieux » et les personnages dansants » chez Haring. Tous deux encore ont ĆuvrĂ© dans la rue puis dans les galeries, transmettant des messages sociaux et politiques forts. Le musĂ©e des Beaux-Arts de Victoria revient sur leur carriĂšre tragiquement courte mais prolifique. On dĂ©couvre plus de 200 piĂšces â Ćuvres créées dans des espaces publics, peintures, sculptures, objets, dessins, photos⊠De quoi mesurer Ă quel point leur production continue dâinfluencer la culture visuelle et populaire contemporaine. Keith Haring / Jean-Michel Basquiat. Crossing Lines, National Gallery of Victoria, jusquâau 13 avril. Vue de lâinstallation Ă la NGV. â Art contemporain 5 expos avant le printemps Tom Ross / Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar Zoom sur le quotidien Lâartiste qui monte, New York. Comme Kehinde Wiley, lâauteur du fameux portrait pop de Barack Obama, Jordan Casteel est une peintre afro-amĂ©ricaine qui met en lumiĂšre sa communautĂ©. Dans leur salon, au cafĂ© ou au coin dâune rue, elle fait poser dâanciens camarades de Yale, oĂč elle a obtenu une maĂźtrise en arts⊠Chacune de ses toiles offre une tranche de vie avec le caractĂšre informel dâune photographie et la profondeur dâun portrait qui saisirait Ă la fois les caractĂ©ristiques psychologiques et sociales. Il lui arrive mĂȘme, comme dans les peintures du mĂ©tro », de zoomer sur les gestes quotidiens quâelle observe dans les rames. Le choix des postures et des regards, lâaudace et la dynamique des couleurs font de lâĆuvre de cette artiste de 30 ans lâune des rĂ©vĂ©lations de la jeune scĂšne amĂ©ricaine. Jordan Casteel Within Reach, New Museum, jusquâau 24 mai. Noelle, 2019. â Art contemporain 5 expos avant le printemps New York / Keith Haring Foundation Paysages Hop ! hop !⊠Hopper !, BĂąle. Perçu comme le peintre de la vie moderne amĂ©ricaine et du spleen existentiel par excellence, Edward Hopper est aussi lâun des artistes qui a le mieux exprimĂ© la relation entre lâhomme et la nature. Lâexposition, qui rĂ©unit des aquarelles et des peintures des annĂ©es 1910 aux annĂ©es 1960, met lâaccent sur ses paysages, souvent moins valorisĂ©s dans les expositions qui lui sont consacrĂ©es. Les vues de bords de mer montrent des maisons en bord de falaises, des phares, des voiliers⊠Les peintures des grands espaces amĂ©ricains convoquent des stations-service, des motels, des granges abandonnĂ©es en bord de voie ferrĂ©e. La palette chromatique veloutĂ©e, le jeu dramatique autour des ombres et des lumiĂšres⊠Tout porte Ă une forme de paysage intĂ©rieur oĂč la solitude de lâhomme sâexprime sans mĂȘme quâil ait besoin dâĂȘtre prĂ©sent Ă lâimage. Edward Hopper, fondation Beyeler, jusquâau 17 mai. Gas, 1940. heirs of josephine hopper /2019 Christo, câest emballant, Paris. Alors quâen septembre Christo empaquettera lâArc de triomphe avec 25 000 mÂČ de tissu recyclable en propylĂšne argent bleutĂ© et 7 000 m de corde rouge, lâexpo du Centre Pompidou retrace la pĂ©riode parisienne de 1958 Ă 1964 de lâartiste et son Ă©pouse, Jeanne Claude. Câest durant ces annĂ©es que le duo commence Ă empaqueter les objets du quotidien et Ă rĂ©aliser des actions dans lâespace public. Une premiĂšre partie prĂ©sente un ensemble dâĆuvres dâatelier. La seconde partie sâintĂ©resse au projet du PontâNeuf, empaquetĂ© en 1985. Christo et Jeanne Claude. Paris !, Centre Pompidou, du 18 mars au 15 juin. LâArc de triomphe projet pour Paris, place Charles-de-Gaulle, 2018. â Art contemporain 5 expos avant le printemps AndrĂ© Grossmann / 2018 Christo Un regard sur la scĂšne française La foire de lâart, Paris. Avec 150 exposants de 20 pays et plus de 1 000 artistes reprĂ©sentĂ©s, Art Paris sâimpose au printemps comme le pendant de la Fiac Ă lâautomne. La foire promeut cependant davantage la dĂ©couverte ou la redĂ©couverte, sâappuyant sur une grande diversitĂ© gĂ©ographique et un focus sur une scĂšne spĂ©cifique. La pĂ©ninsule IbĂ©rique est Ă lâhonneur cette annĂ©e un vĂ©ritable printemps de lâart souffle sur les villes de Barcelone, Lisbonne, Madrid et Porto. Depuis 2018, la foire met aussi en lumiĂšre la scĂšne française en associant le regard dâun commissaire dâexposition â GaĂ«l Charbau â Ă la sĂ©lection dâune vingtaine de projets dâartistes français proposĂ©s par les galeries. Art Paris, Grand Palais, du 2 au 5 avril. .